Dana – La générosité

Pratiquer le bouddhisme débute d’abord et avant tout par un travail sur soi. Sans cet effort pour s’améliorer, la pratique de la méditation est vide de sens.

Pour s’aider à structurer ce travail sur soi, le pratiquant est guidé par une liste de dix qualités qu’il souhaite cultiver en lui: la générosité, la moralité, la renonciation, la sagesse, l’effort, la patience, l’honnêteté, la détermination, la compassion et l’équilibre. Il souhaite utiliser cette vie pour développer ses qualités et enlever ses défauts, de façon à ce qu’il en ressorte une meilleure personne qu’il n’y est arrivé.

La générosité n’est pas sans raison la première qualité sur la liste. D’abord, un acte généreux signifie qu’on travaille à combattre son égoïsme, car pour donner, on doit nécessairement poser une action qui “enlève au soi”; on se fait plus “pauvre” pour faire quelqu’un plus “riche”. La générosité est aussi une qualité très puissante dans le sens où son impact est grand et qu’elle donne des résultats immédiats, dont bien souvent le donneur bénéficie plus que le receveur; elle apporte avec elle la joie et la légèreté.

Un acte de générosité pure est l’une des plus belles choses au monde, mais aussi plutôt rare à trouver et pas si facile qu’il n’y paraît à exécuter, car pratiquer la générosité correctement requiert aussi d’avoir d’autres qualités telles que la la renonciation et la sagesse. Voilà une autre bonne raison de commencer un travail sur soi par la générosité, car en la pratiquant, on ne pratique pas une seule, mais plusieurs qualités à la fois.

Décortiquer le Dana

La seule façon de pratiquer la générosité est en donnant, que ce soit un bien matériel ou un service.  Comment pourrait-on être généreux en ne posant aucune action en ce sens? En Pâli, on utilise le mot Dana pour désigner l’action de donner; il s’agit d’un mot très important dans le bouddhisme.

Toutes les actions amènent des résultats. Un Dana, selon les conditions dans lesquelles il est fait, peut donner soit de mauvais résultats ou de bons résultats. Les résultats du Dana (don) seront déterminés selon 3 facteurs principaux: premièrement, l’intention du donneur, deuxièmement, la valeur de ce qui est donné et troisièmement, le choix de la personne à qui on donne.

1. L’intention du donneur

Deux personnes pourraient offrir exactement la même chose à la même personne, mais la valeur de leur action ne sera pas nécessairement la même; la valeur du Dana peut être complètement différente et ainsi donner des résultats entièrement différents. Cela est possible car leur motivation peut différer, c’est-à-dire que l’intention qui dirige l’action de donner est différente.

L’intention peut modifier de façon significative la qualité du Dana; elle est l’un des facteurs principaux qui déterminent si une action est bonne ou mauvaise. Puisque le but derrière l’action de donner revêt une très grande importance, il y a lieu de se questionner sur sa motivation lorsqu’on offre quelque chose à quelqu’un. Pourquoi est-ce que je donne?

  • Est-ce que je donne par obligation?
  • Est-ce que je donne par compassion pour aider quelqu’un qui souffre?
  • Est-ce que je donne par pitié?
  • Est-ce que je donne pour avoir une bonne réputation, pour que les gens sachent que je suis une bonne personne?
  • Est-ce que je donne quelque chose dont je n’ai plus besoin, pour que ce ne soit pas gaspillé?
  • Est-ce que je donne pour enlever ma culpabilité?
  • Est-ce que je donne parce que c’est un événement spécial, comme Noël?
  • Est-ce que je donne pour plaire?
  • Est-ce que je donne pour remercier quelqu’un qui m’a donné quelque chose dans le passé?
  • Est-ce que je donne pour être apprécié en retour?
  • Est-ce que je donne pour me débarrasser de quelqu’un qui m’importune, comme un mendiant, par exemple?
  • Est-ce que je donne parce que je crois à la loi du karma et que je souhaite obtenir de bons résultats dans une prochaine vie?
  • Est-ce que je donne pour humilier quelqu’un envers qui j’ai de la rancoeur?
  • Est-ce que je donne parce que j’ai un attachement particulier à la personne à qui je donne?
  • Est-ce que je donne par compétition, parce que quelqu’un est plus généreux que moi et que je veux être “meilleur” que lui en termes de générosité?

Il est étonnant de constater que même l’intention de donner peut diverger entre pure, noble, bonne, moins bonne et clairement mauvaise. Si l’intention avec laquelle on donne est empreinte de méchanceté, de jalousie ou de rancoeur, par exemple, elle portera nécessairement avec elle de mauvais résultats, car l’action en elle-même n’est pas pure, n’est pas généreuse. Si, au contraire, l’intention avec laquelle on donne est empreinte de compassion et de désir d’aider, de faire de ce monde un monde meilleur, elle portera nécessairement avec elle de bons résultats, car son intention est bonne. Puis, il y a aussi bien évidemment des zones grises, où par exemple, une même action est empreinte de compassion et de volonté d’aider, mais aussi du désir de recevoir de la reconnaissance en échange. Par exemple, je peux rendre service par compassion et volonté d’aider, mais avoir aussi un désir de recevoir de la reconnaissance en échange, un “merci” qui me fera me sentir bien, et sans lequel je serai déçu.

Quiconque croit en la loi du karma a confiance au fait qu’il recevra plus tard les résultats de ses actions, bonnes ou mauvaises, dans cette vie et/ou dans les prochaines. Mais tous, qu’ils croient ou non au karma, peuvent constater que les bons ou les mauvais résultats de nos actions peuvent être sentis immédiatement. Après avoir aidé quelqu’un, ne vous sentez-vous pas léger et satisfait ? En paix avec vous-mêmes? N’est-ce pas là un bon résultat de votre acte de générosité ? Après avoir agis par rancoeur, avoir voulu insulter quelqu’un en lui offrant quelque chose de gênant, ne vous sentez-vous pas lourd et coupable, ne portez-vous pas du regret sur vos épaules?

2. Ce que l’on donne

Encore une fois, deux personnes pourraient donner exactement la même chose à une même personne, mais la valeur de leur Dana serait différente. La valeur d’un Dana n’est pas sa valeur monétaire, mais bien la valeur que ce qu’on donne a pour nous, le sacrifice qu’elle implique.

Disons que je donne ma bicyclette à quelqu’un qui n’a aucun autre moyen de transport. Si j’ai deux bicyclettes dans mon garage et que je lui donne la plus vieille que je n’utilise plus et qui franchement prenait de l’espace pour rien, je pose une bonne action, mais la valeur de mon Dana n’est pas très grande, car je ne renonce à rien qui m’est cher. Si, au contraire, j’ai acheté cette bicyclette avec mes économies d’une année de travail, et qu’elle est ma plus grande source de plaisir pour faire des randonnées la fin de semaine, alors là, mon Dana a une bien plus grande valeur, car je renonce à un an de travail et à ma plus chère source de divertissement.

La générosité n’a rien à voir avec la richesse de la personne qui donne, mais a tout à voir avec ce que la chose donnée représente pour elle. Quelqu’un de pauvre qui donne 10 dollars peut être beaucoup plus généreux qu’un millionnaire qui donne 1000 dollars.

Un autre facteur important est de choisir la bonne chose, ou le bon service, à offrir. Prendre le temps de bien réfléchir pour offrir quelque chose d’utile dont le receveur saura faire bon usage est essentiel. Offrir un objet ou un service inutile qui ne servira pas à la personne à qui on l’offre, qui terminera sur une tablette bien haute pour être oubliée, ou encore un service qui ne l’aide en rien, serait de l’énergie mal dirigée.

3. La personne à qui l’on donne

À première vue, on pourrait croire que la générosité est une affaire personnelle, que seulement l’intention et la valeur interne de ce que l’on donne comptent. Pourtant, le receveur est aussi une partie importante de l’acte de générosité; sans receveur, il n’y a aucun moyen de donner ! Il est bien naturel que le receveur ait un impact sur le résultat du Dana.

Mais surtout, quand on donne, on contribue à ce que fait l’autre, on rend sa mission possible en la supportant. Si je fais du bénévolat chaque fin de semaine pour une organisation qui prépare des repas pour des enfants d’un quartier défavorisé, j’aide à rendre leurs activités possibles, je contribue à ce que ces enfants n’aient pas l’estomac vide et puissent ainsi recevoir une meilleure éducation en étant plus attentifs en classe.

Si, au contraire, je fais du bénévolat pour aider une organisation militaire à amasser des fonds pour combattre une nation par les armes, je contribue à rendre possibles la violence et la cruauté qui découleront nécessairement de leurs activités. Pour cette raison, choisir de façon réfléchie le receveur de notre Dana est important.

À quoi souhaite-t-on contribuer?

Donner est comme semer un arbre

Pour faire germer et grandir un arbre qui donnera des fruits, plusieurs conditions sont à prendre en considération, car elles amèneront à obtenir des résultats différents. Quand je sème un arbre, je modifie l’environnement où je le plante, ce qui a pour effet soit d’améliorer ou de détériorer l’espace. Plus j’ai de connaissances au sujet des soins à apporter, plus je porterai attention aux détails importants pour une bonne croissance et donc plus j’aurai de chances d’obtenir de bons résultats. Si je ne fais que jeter une semence par la fenêtre, sans soin ni sans jamais y retourner, il y a vraiment très peu de chance qu’un arbre majestueux et productif y pousse.

Même si mon intention est bonne et que je fais de mon mieux pour planter ma semence dans un endroit approprié, mon effort sera peut-être en vain si je n’ai pas de  connaissances de base en irrigation, en désherbage ou en fertilisation, par exemple.

La générosité est pareille; il est bien de donner naturellement et au hasard selon les occasions qui se présentent, mais avec plus de compréhension et de sagesse, l’on choisit de donner intentionnellement. On réfléchi à l’effet qu’aura le Dana sur le donneur et sur le receveur, on choisit un Dana qui aura une bonne valeur et on prend le temps de trouver la meilleure place où donner, pour “semer le Dana dans le meilleur des sols”. Ainsi, en perfectionnant sa générosité, on travaille à faire de ce monde un monde meilleur, pour soi et pour les autres.

Perfectionner la qualité de générosité dans notre pratique

Nous avons élaboré sur le concept de la générosité en général et nous avons vu comment donner peut être fait par n’importe qui, pour n’importe quelle raison. Cependant, pour le méditant qui souhaite aller en dehors de Samsara (le cycle des renaissances – naître et mourir), la générosité en ce sens n’est pas suffisante.  Un méditant qui souhaite perfectionner sa qualité de générosité devra avoir une bonne compréhension de ce qu’est la générosité, car non seulement veut-il pratiquer une bonne générosité, il veut surtout pratiquer une générosité pure. Un Dana pur est l’acte de donner qu’accomplit celui qui souhaite enlever son égoïsme.

Pour être considéré pur, un Dana doit être accompli selon certaines conditions qui ne sont pas nécessairement faciles à atteindre.  Les conditions qui doivent être présentes pour considérer un acte de générosité pur sont les trois conditions suivantes: la donation doit être faite avec une intention pure, ce qui est offert doit être assez significatif pour qu’il renonce vraiment à quelque chose, qu’il “enlève du soi”,  et la personne à qui il donne doit être morale et sage, pas simplement bonne.

Cela ne veut pas dire que quelqu’un qui souhaite pratiquer une générosité pure ne continuera pas de donner pour d’autres raisons, mais il aura conscience que son acte de générosité est bon, mais qu’il n’est pas ce qui lui permettra d’avancer sur le chemin qu’il souhaite suivre.

1. Donner avec une intention pure

Pour que l’intention de celui qui donne soit considérée comme pure, non seulement elle doit être motivée par de bonnes intentions, mais elle doit n’être motivée par aucune émotion. En fait, l’essence même de l’intention pure est celle où elle n’est pas motivée par l’égo, où, au contraire, elle souhaite enlever de l’égo.

Pour être considérée pure, l’intention qui motive le Dana ne doit pas être incluse dans cette liste de huit conditions suivantes. Si la motivation s’y trouve, c’est qu’elle n’est pas pure et donc que la générosité pure n’est pas pratiquée.

  • Donner par pitié (Je vois un mendiant dans la rue, j’ai de la pitié pour lui et je lui donne ma monnaie ou de la nourriture.)
  • Donner par peur ou par obligation (C’est l’anniversaire d’un proche et je me sens obligé de lui offrir quelque chose.)
  • Donner parce que c’est bien vu. (Je donne à la charité parce que ça me donne bonne conscience, me donne l’impression d’être “une bonne personne”.)
  • Donner pour recevoir la reconnaissance (Je donne à un hôpital dans le but d’avoir mon nom écrit sur leur mur de donateurs. Ou bien, je prends du temps pour faire un bon repas en espérant voir un sourire et suis déçu du contraire)
  • Donner dans le but d’insulter quelqu’un ou de le blesser (J’offre un gâteau bien sucré à un diabétique, un repas avec de la viande à un végétarien. Ou bien, au secondaire, j’offre un déodorant à un autre élève qui sent mauvais devant tout le monde.)
  • Donner en retour d’une faveur reçue (Quelqu’un m’a offert un livre, je lui retourne la faveur en lui offrant des vêtements.)
  • Donner dans l’espoir d’une faveur future (Je donne un cadeau à quelqu’un dans l’espoir de recevoir quelque chose en retour, ou, si je crois au Karma, je donne avec l’espoir d’obtenir quelque chose dans une vie future.)
  • Donner sans trop savoir pourquoi. (Je suis un touriste et je vais assister à une messe catholique. Voyant tout le monde mettre de l’argent dans un bol, je fais comme eux, sans trop comprendre ce à quoi ça sert.)

Donner avec une intention pure est fait sans attachement, sans rien attendre en retour, ni la reconnaissance de l’autre, ni le résultat de mes bonnes actions, ni même un merci. Il n’est pas si facile de donner sans avoir une quelconque motivation émotionnelle. Que reste-t-il comme motivation si le cadeau n’est pas donné pour ces raisons?

2. Enlever de soi / Ce qui est offert

Pour qu’un Dana soit considéré pur, il faut que le donneur souhaite délibérément enlever de lui-même, enlever de son attachement, de ce qui lui est précieux; ce qu’il donne doit impliquer une renonciation significative.

Pourquoi est-il si important d’apprendre à enlever de soi? Parce que nous sommes tous tellement égoïstes, nous pensons vraiment être le centre de l’univers et nous sommes tellement accablés par NOS problèmes, NOS émotions, NOS désirs, NOS attachements, NOTRE confort… Quand on regarde à l’intérieur de soi avec honnêteté, on se voit forcé d’admettre qu’aucune tristesse n’est réellement aussi accablante que notre propre tristesse, qu’aucun problème n’est réellement aussi bouleversant que notre propre problème, qu’aucun désir n’est réellement aussi important que notre propre désir…

C’est pour cette raison que donner devient l’arme parfaite pour combattre cet égoïsme en soi: l’opportunité d’enlever de soi.

Ajan a donné l’exemple d’une fois où, longtemps avant de devenir moine, alors qu’il marchait dehors en hiver, il aperçut un homme qui n’avait pas de souliers. Immédiatement il arrêta et déchaussa les siens pour les lui offrir, puis pieds nus il retourna chez lui, dans la neige, sans remords et heureux malgré le froid glacial sur ses pieds.

Un méditant renonce aux choses auxquelles il est attaché; plus il “aime” quelque chose et plus il souhaite le garder pour lui-même, plus l’opportunité de l’offrir a de la valeur. Un acte de générosité pure a lieu quand quelque chose est sacrifié par le donneur: j’ai tellement faim, mais je donne mon seul repas à quelqu’un d’autre qui n’a rien à manger; je sacrifie mon plaisir, mon confort, pour quelqu’un d’autre. Je donne avec cette intention d’enlever du “moi”, de cet égoïsme de qui je suis esclave et qui ne pense toujours qu’à lui-même.

3. Le choix du receveur

Un Dana qui est offert avec une intention pure, et qui vraiment enlève de soi, doit aussi être donné à la bonne personne. Celui qui souhaite faire un Dana pur doit avoir la sagesse nécessaire pour trouver la meilleure personne à qui l’offrir; donner à la mauvaise personne est comme planter une semence dans un sol stérile et sans nutriment dans lequel elle sera incapable de germer et pousser. Tout comme il y a un vaste éventail de types de sols, du désert infertile, ou encore de l’Antarctique où rien ne pousse, jusqu’aux terres les plus fertiles où pratiquement toute semence viable germera et poussera vigoureusement pour y donner des récoltes abondantes. De la même façon, il y a un grand éventail de personnes à qui l’on peut décider d’offrir un Dana, où l’on peut décider de pratiquer notre générosité. Tout comme on essaiera de choisir le meilleur sol pour planter une semence précieuse qu’on souhaite voir grandir, il est éclairé de choisir la meilleure place où offrir son Dana.

La meilleure place est la personne la plus morale et qui a le plus de sagesse que l’on peut trouver; cette personne qui travaille ardemment sur elle-même pour enlever son égoïsme, ses désirs, ses impuretés. Quand on se questionne sur le rôle du receveur, on peut comprendre que donner à cette personne est encore mieux que de donner à la charité, aux personnes dans le besoin. Pourquoi? Parce que, quand je donne, par exemple, à une organisation de soutien aux réfugiés, je contribue à aider la situation matérielle de quelques personnes qui souffrent des effets de la guerre, de l’esclavage, de la cruauté humaine et de la torture, mais, je n’aide pas à corriger la réelle cause de leur souffrance.

Par contre, quand je prépare un repas, ou que je donne un logis à une personne qui travaille à chaque instant à choisir le bien plutôt que le mal, qui se bat constamment pour remplacer ses défauts par des qualités, je contribue à son travail; je la supporte matériellement pour que son attention soit dirigée entièrement sur sa pratique spirituelle, qu’elle n’ait pas à être distraite de son travail. Ainsi, quand je donne à une personne sage, je contribue à ce que soit choisi le bien plutôt que le mal; je contribue à combattre la guerre, l’avarice, l’esclavage, la haine, l’abus. Il n’y a rien qui ne soit supérieur à la sagesse; car dans un monde où la haine, le désir et l’avarice n’existent pas, comment pourrait-il y avoir des guerres, des abus et de l’esclavagisme?

Voici le récit d’un événement qu’Ajan nous a raconté pour donner un exemple de Dana pur. Il y a de cela plusieurs décennies, longtemps avant qu’Ajan ne décide de devenir moine, il était réfugié en Inde après s’être enfui d’Iran. Il n’était parti qu’avec le strict minimum et était très pauvre; les seuls objets de valeur qu’il avait avec lui étaient quelques pierres précieuses, des turquoises. Il espérait qu’en les vendant il aurait de quoi commencer à s’établir dans un pays étranger.

Un jour, il s’arrêta dans un temple et y découvrit un homme souriant, assis au sol, qui rayonnait de bonté, d’amour et de sagesse. Immédiatement, il reconnut en cet homme un homme de qualité, et il savait très bien que c’était probablement la seule fois qu’il aurait l’occasion de le rencontrer. Sans hésitation, il se dirigea vers cet homme pour lui offrir ce qu’il avait de plus précieux en sa possession: ses turquoises. L’homme refusa, mais Ajan insista pour qu’il en choisisse une. L’homme accepta finalement, dirigeant sa main vers la plus petite pierre sans grande valeur. “Non! Non! Prenez celle-ci” lui répondit Ajan, choisissant lui-même la plus précieuse des pierres.

L’histoire de l’huile à lampe

Cette histoire s’est déroulée dans le temps du Buddha et relate le sacrifice qu’ont fait une grand-mère et sa petite-fille. Les deux vivaient dans une grande pauvreté et gagnaient leur vie comme femmes de ménage. Lorsqu’elles entendirent l’annonce que le Buddha viendrait visiter leur village dans quelques semaines, elles eurent ce profond désir de pouvoir lui offrir quelque chose. Pour ce faire, elles se mirent à travailler jour et nuit pour faire quelques économies. Elles voulaient offrir de l’huile à lampe pour pouvoir contribuer à l’éclairage de la pièce lorsque le Buddha donnerait son enseignement en soirée, mais lorsqu’elles se rendirent chez le marchand d’huile, elles furent informées que compte tenu de la visite prévue du Bouddha, la demande pour l’huile avait considérablement augmenté et les prix avaient suivi; leurs économies n’étaient pas suffisantes pour pouvoir acheter de l’huile. Avec encore quelques jours devant elles, sans relâche elles continuèrent leurs efforts, jusqu’à la veille de l’arrivée du Buddha. Quand elles se rendirent au marchand d’huile, il les informa qu’il ne restait plus d’huile de première qualité, et que leurs pauvres économies ne leur permettraient d’acheter qu’une huile de tierce qualité, dont personne ne voulait. Sans aucune autre option, elles achetèrent cette huile et l’offrirent au Buddha à son arrivée, cachant avec honte la pauvre valeur de leur cadeau devant les autres personnes qui arrivaient avec des huiles de première qualité.

Après que le Bouddha ait enseigné toute la nuit, le soleil se leva et l’auditoire quitta les lieux. L’un des moines les plus respectés, un assistant du Bouddha, était responsable d’éteindre toutes les lampes. Une par une, il les éteignit, mais quand il arriva à la lampe de la grand-mère et sa petite-fille, peu importe la façon dont il essayait de l’éteindre, la lampe demeurait allumée. Il questionna le Buddha à ce sujet, et ce dernier lui expliqua que personne n’était en mesure d’éteindre cette lampe à cause du poids du sacrifice derrière ce Danna et des intentions pures et non dirigées par l’intérêt personnel de la grand-mère et sa petite-fille. La valeur de ce Dana, même si elle était matériellement insignifiante, avait dans Dhamma plus de valeur que toutes les autres offrandes mises ensemble.

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