Faire face à soi-même et la joie de voir ses erreurs

La pratique du Dhamma commence en faisant face à soi-même. On ne pratique pas le Dhamma par la théorie, par la concentration, par une discussion sur le Dhamma ou par une lecture; ce sont des compléments qui sont utiles pour développer une compréhension, mais ils ne constituent pas la pratique du Dhamma à eux seuls.

Pratiquer le Dhamma, implique avant tout une décision d’affronter soi-même, d’investiguer soi-même, de trouver ses fautes : en pensées, en paroles et en actions. Ce travail est très profond et va au-delà d’un travail sur soi visant à améliorer nos relations sociales ou à se sentir mieux. L’une des choses qu’on doit réaliser en commençant à pratiquer est que la source de toute la cruauté, la misère et la souffrance qui existe en ce monde peut être trouvée à l’intérieur de nous et que la seule action qu’on puisse prendre pour corriger cela est de mettre fin à la source de cette cruauté à l’intérieur de nous-mêmes.

Cependant, lorsqu’on décide d’aller à la rencontre de nos faiblesses et de nos fautes, il est facile de tomber dans le piège de la déception. On peut rapidement en venir à culpabiliser, à se détester, à être dégouté de soi-même, à déprimer, à devenir malheureux. Cela n’est pas la bonne façon de travailler dans Dhamma. Voir ses erreurs et ses faiblesses doit être une source de joie.

Pour quelqu’un qui a bien compris la raison pour laquelle il pratique le Dhamma, voir ses fautes devient une source de joie, car c’est la clé qui permet de corriger la situation. Nos défauts qui font partie de notre caractère ne sont en fait que de mauvaises habitudes! Avec le temps, à force de répéter la même chose, on en vient qu’à en faire notre caractère et s’identifier à ce défaut. Nous ‘sommes’ le défaut! Il est indissociable de nous. On a tous souvent entendu le fameux dicton : Il faut s’accepter tel qu’on est. Cette phrase implique que nous ne pouvons pas changer. Par exemple : je suis colérique, je suis toujours jaloux(se), je suis quelqu’un d’anxieux, je n’ai pas de patience, etc. Je suis comme ça, et je dois l’accepter; c’est ce qu’on entend souvent.

Le bouddhisme suggère quelque chose de complètement différent : accepter de s’ouvrir les yeux pour voir les choses telles qu’elles sont, afin de pouvoir les corriger.

Si je ne sais pas que j’ai un problème, il me sera impossible de le corriger. Quand on réalise les fautes qu’on a commises, on sort de notre ignorance, on voit plus clair et c’est le premier pas pour s’en libérer. Sortir de notre ignorance, c’est bien pour cela qu’on pratique! Le résultat de voir ses erreurs ne peut être que de la joie et de la légèreté pour celui qui comprend réellement le Dhamma.

On comprend parfois mieux avec un exemple.

Voici ce qui s’est passé ici il y a une dizaine d’années. Un jour, on a commencé à sentir une mauvaise odeur dans la maison. Le lendemain, ça s’était accentué. Voyant que cela ne faisait qu’empirer, on a fait ce qui devait être fait : on s’est mis à la recherche de de la source de cette puanteur. À l’odorat, on a pu identifier un mur duquel ça semblait venir.

Personne ne veut vivre avec une odeur nauséabonde chez lui et tout le monde cherchera à éliminer cette puanteur. Ainsi, nous avons ouvert le mur. Puis, on a pu s’exclamer avec joie ‘J’ai trouvé!’. À l’intérieur du mur se trouvait le corps putréfié d’une souris morte. Comme il se doit, on l’a sorti de là pour l’envoyer dehors, on a nettoyé l’intérieur du mur, on a corrigé les trous qui avaient pu lui permettre d’entrer dans le mur et on a refermé le mur. Voilà la fin d’une histoire banale.

Personne ne s’opposerait aux actions qui ont été prises, car il est bien évident qu’il y avait un problème et que c’était la bonne façon de le régler. Pourtant, si on transpose cet exemple à un niveau immatériel, tout ne paraît pas si simple.

Quand on voit quelque chose de répugnant en nous, par exemple, la jalousie ou l’égoïsme, on peut avoir tendance à être dégoûté et découragé. Transposons cette situation avec l’exemple de la souris.

Serait-il approprié de chercher et découvrir la source de puanteur dans le mur et de s’exclamer : ‘’Oh mon Dieu! C’est dégeulasse! Quelle horreur! Je ne peux pas croire que j’ai ça dans mon mur!’’, puis de se mettre à déprimer, à pleurer et à détester cette maison, en contemplant la souris dans le mur ouvert. Évidemment, cela ne fait aucun sens. Personne ne laisserait la souris en putréfaction dans le mur. Pourquoi est-il donc si facile de le voir quand c’est un exemple matériel, mais si compliqué et pénible quand cela nous concerne?

Il est certainement plus facile de sortir une souris d’un mur que la jalousie de notre esprit et c’est bien pour cela que tout travail sur soir demande de l’effort et de la persévérance, mais aussi de l’honnêteté avec soi-même pour aller au fond des choses et ne pas tenter de camoufler la véritable nature de nos actions.

Il faut absolument arriver à voir nos erreurs et à s’en réjouir, comme lorsqu’on trouve la source de la puanteur dans le mur qui, malgré le fait qu’elle est nauséabonde, nous réjouit car elle signifie que nous pouvons enfin mettre fin à ce problème.

Un autre exemple qui illustre bien cela est la fois où Ajan s’est fait annoncer qu’il était diabétique par son médecin. Il était tellement content d’apprendre cette nouvelle et le médecin, quant à lui, plutôt étonné de sa joie. ‘C’est la première fois que j’ai un patient qui est content d’apprendre une telle nouvelle’’, lui a-t-il dit. Ajan était content car il savait que quelque chose n’allait pas avec sa santé, mais il ne savait pas quoi. Avec ce diagnostic, il allait pouvoir améliorer sa condition en prenant les mesures appropriées au niveau de son régime alimentaire et de la médication.

Pour terminer, ce qu’il importe de retenir de cet enseignement est qu’il est complètement contre-productif de déprimer en voyant ses fautes. Ce qu’il faut réellement, c’est de s’en réjouir, car notre caractère n’est pas fixe et in-changeable, il n’est qu’une accumulation d’habitudes que nous avons le pouvoir de changer.

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